Karine van de Velde, peintre orientaliste et poète
Sophie, ou la sagesse en grec.
Le hasard fait bien les choses, le meltemi, ce vent qui balaye la Grèce et la mer Egée a façonné la matière que travaille Sophie Debazac.
Et puis ce sont les vents de sable chauds du Sahara qui donnent l’impulsion à cette couturière hors norme.
D’autres sculptent le bois, la pierre, la terre, le fer, elle, elle sculpte le tissu.
De prime abord, on se dit que « sculpter » le tissu est chose impossible puisque cette matière se veut fluide.
Et bien pour Sophie, c’est naturel.
Au fil de ses voyages, de ses rencontres, elle glane divers morceaux d’étoffe.
De vieux boubous maintes fois rapiécés deviennent chez elle des branches.
Le moiré de certaines soies se transforme en guelta où on aurait envie de mener le troupeau de chèvres boire.
Les tempêtes de sable se cachent derrière des mousselines au ton ocre.
Les bouts de cordages qui trainent abandonnés sur les plages, ou près des campements, usés jusqu’à la trame, se contorsionnent pour devenir un arbre bleu.
La petite main des grands espaces nous offre un voyage onirique dans ces contrées lointaines et nous prouve qu’avec amour et patience on peut faire naître un nouveau regard sur les étoffes.
Chacune a son histoire, mais seule Sophie peut vous la raconter.
Le jeu de lumière qui colore les tissus, au fil des heures de la journée, rend encore plus impressionnant la force de cette création unique.
Avec Sophie, la route de la soie n’est plus une épopée lointaine, mais la réalité d’un quotidien fait de bouts de culture cousus comme une mappemonde multicolore.
Le peintre qui est en moi ne peut que s’émerveiller de tant de talent et d’originalité.