Anne Dupin, poète, voyageuse de l’imaginaire
L’oeil est d’abord attiré par la couleur.
Un espace de paix s’agrandit au fur et à mesure de la contemplation.
Rester un moment suspendu dans le silence d’un ocre.
Puis, le tissu devient texture.
La couleur se révèle dans « Contemplation »,
par ces reliefs que la lumière accentue, dans « L’écriture du vent ».
Des bourrelets d’ocre ou de sable. On passe d’une texture à une tectonique.
C’est un lambeau d’écorce terrestre, là devant vous à la verticale,
et le vent du désert s’établit.
Fantasque ou régulier, il a signé son passage et quelqu’un l’a vu.
Il est restitué : il suffit d’entrer dans la Fresque d’étoffe.
Ces perceptions basiques d’extérieur immense et d’intérieur protégé
sont le début d’une histoire.
On chemine dans le désert, on avance, on passe, comme dans la vie,
d’un point à un autre.
Les écailles de calcaire du « Désert Blanc d’Egypte »
ressemblent à des traces de pas…
Elles commencent et se terminent hors cadre, comme nous.
Finalement, comme nous, elles sont vouées à disparaître.
Un vent plus rude les soulèvera, les brisera, les émiettera, et elles iront nourrir
le sable du désert.
Le désert recèle des surprises et le tissu devient texte.
De l’abstraction des couleurs et des lignes,
surgit un groupe d’humains, ou une famille de couleurs.
Bleu sévère ou tendre, indigo profond, grenat incertain.
Le vêtement est le plus petit abri des hommes pour faire face à la lumière,
à la chaleur du jour, ou au froid de la nuit.
Le vent et le temps ont effacé les premières écritures
pour pouvoir tracer une nouvelle histoire, à partir des anciennes.
Fragments de licols, de liens, de vêtements. « Mémoires d’étoffe »
prises entre deux parois de verre. On y voyage en transparence.
La trame apparaît, décapée comme le désert lui-même,
Simplifiée, comme nous, en sortant des « Fresques d’étoffe » de Sophie Debazac.